0 0
Read Time:2 Minute, 32 Second

Kate Beaton est canadienne, de Cap Breton. Elle est autrice de bande dessinée.
Diplômée en arts, elle accepte un poste dans les sables bitumeux de l’Alberta, un campement isolé où les travailleurs sont exploités par l’industrie pétrolière, afin de rembourser son prêt étudiant. Environnement presque exclusivement masculin, les postes pris par les femmes sont rares. Kate atterit au magasin de fournitures.
Les 440 pages d’Environnement toxique sont le témoignage de ce qu’elle y a vécu.

Manque de considération. Railleries. Provocations. Harcèlement sexuel. Viols. Rien n’est épargné à cette jeune fille de 21 ans, isolée de son Cap Breton natal. Le tout sous l’oeil résigné, presque condescandant, des chefs de chantier. Que voulez-vous… il n’y a rien à faire par ici pour les hommes alors bon, une femme dans leur cocon de fortune, faut bien passer le temps non?

Ma première claque fut à peine quelques pages après le début de ma lecture. Un premier job dans une structure réservée aux hommes. Leurs outils. Leurs blagues débiles, leurs regards lubriques et railleurs, j’ai connu. Et j’ai détesté ca plus que tout. Ce souvenir qui remonte, je ne m’y attendais pas. J’ai compatis de ce vécu commun. La suite m’a ému aux larmes, serré le ventre encore à la fois par le texte fort de ces expériences vécues dans ce huis-clos à ciel ouvert, renforcé par le trait sobre mais si expressif du graphisme. Le choix des tons, les angles et contre-champs, tout concourt à nous immerger dans cet … environnement toxique.

Vient ensuite le constat de participer à l’impact négatif de l’homme sur son environnement. J’ai particulièrement apprécié le chemin de réflexion posé par l’autrice. De l’arrivée au camp, l’incrédulité de toute cette laideur sans en mesurer les impacts, jusqu’à la réalisation totale de ce qui se joue à grande échelle par l’exploitation de ce gisement. Entre ces deux points, une foule de nuances, la résignation face aux éléments qu’on ne maîtrise pas et à la nécessité tenace de finir au plus vite de payer sa dette coûte que coûte.

Cette chronique sociale aux accents gris-bleutés est réalisée avec beaucoup de justesse et sans généralités faciles. Elle exprime aussi bien la bêtise humaine, que les soutiens, précieux, sur lesquels elle a pu compter pour survivre moralement. Ce n’est pas un récit pour dénoncer. C’est un témoignage réaliste.


Environnement toxique est le roman graphique préféré de Barack Obama en 2022. C’est aussi le mien cette année, et j’espère par ces quelques mots vous donner envie de le découvrir à votre tour !

Si vous souhaitez en savoir plus sur les sables bitumeux, je vous recommande l’article suivant : https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/sables-bitumineux

Ou encore celui -ci, qui aborde l’impact écologique : https://multinationales.org/fr/enquetes/les-industries-extractives-et-l-eau/de-l-alberta-a-l-arctique-le-lourd-tribut-environnemental-des-sables-bitumineux

Et si vous souhaitez découvrir le travail de Kate Beaton, je vous renvoie vers cette excellente interview (en anglais) At Home with Kate Beaton : https://youtu.be/E6JdRwpLABg

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Laisser un commentaire